11 octobre au 24 octobre 2025
Vernissage le 10 octobre de 18h à 21h
Le Grain a le plaisir d’accueillir les artistes Anja Ripoll et Tristan Cubero avec l’exposition Sursum Corda.
Le corpus d’oeuvres que présentent conjointement Anja Ripoll et Tristan Cubero est une ode à leur enfance, un récital endeuillé pour une naïveté perdue. C’est donc avec une nostalgie lucide que s’expriment leurs sculptures et peintures respectives. Il s’agit d’un regard tendre sur les symboliques formatives, une conciliation de ce qui a été avec ce qui est. C’est pourquoi les héros solaires et autres figures ingénues se voient teintés des affres et des amertumes du monde adulte. À l’ère des caractères grimaçants, des Freaks iconoclastes et des Villains au cynisme adulé, c’est toute un tissu d’utopies fracturées qui s‘endurcissent, des désillusions bléssées qui se pansent, douleurs fantômes et autres carapaces minérales de larmes séchées. Toute cette poésie cathartique prend les teintes martyrisées d’une église abandonnée. Abrités dans le silence, résidents de l’ombre, les coeurs enchantés vibrent et résonnent encore.
À la surface du premier des coeurs de la vie, certaines respirations s’animaient tels les pores et les alvéoles de tissus pulmonaires, plaines écorchées mais bien vivantes. Dans d’autres petits jardins quadrillés, bruissaient aussi à l’unisson les chants de clans souffreteux. Ca et là, la surface de l’organe était parfois encore gravée d’un lyrisme romantique de siècles anciens, pansements prestigieux aux sinueux reliefs.
Ailleurs, il y avait ces organismes refoulés fourmillants, rampants, complotants qui envahissaient les damiers, ces structures orthonormées de puissances anciennes; de même à leur suite étaient alors conquises les ruches autrefois prospères. Furent aussi engloutis les squelettes lisses d’architectures-utopies et les broderies fines des créatures les plus précieuses.
L’érosion était le fait de leurs cils et longs fouets soyeux, ces filaments ou pattes grêles, tous ces appendices de leur thorax filtrant l’eau pour manger, infra-classe en multitude, cousins des cloportes. De rares bassins étaient encore bleus et quelques étoiles parsemées persistaient à luire, écho de l’éternité passée. Le panorama vibrait, vrombissait et clapotait au rythme des paisibles glissements d’un monde inéluctablement englouti.
Pansements, sparadraps et épingles à nourrices étaient comme son armée d’anges gardiens.. la Croix-Rose parmi les verdâtres prairies sinistrées… En effet, une célébrité du passé s’évertuait encore. La Petite Chatte Blanche au Ruban Rose noué sur la tempe, qui portait en diadème ce symbole de l’innocence de toutes ces créatures qui survivaient, tributaires d’une apocalypse annoncée dont ils n’étaient ni la cause ni les instigateurs.
Force était de constater que le seul capital qui restait à investir était fait des briques et des dalles du labyrinthe urbain qui persistait encore ça et là, dédales de preuves du monopole passé, parasite viral, monolithique et binaire, tout en noir et blanc.
Ses grillages obsolètes étaient maintenant semblables à des arabesques. Ces squelettes vestigiaux, enchevêtrement de crêtes aux dos de Roi-Lions morts ou endormis étaient à présent qu’une simple poésie au folklore désuet, à la merci des mollusques. Puisque personne ne revendiquait plus ces propriétés, il ne restait plus rien à priver aux hyènes voraces et leurs menaces revêches se turent alors derechef.
Sherian Mohammed Forster
Exposition visible du 11 octobre au 24 octobre et tous les mardis de 14h à 19h et les jeudis de 14h à 19h ou sur rendez-vous: contact@legraincreation.ch
Anja Ripoll & Tristan Cubero
Anja et Tristan forment le duo Phyrexian et Amélia, dont le parcours académique et artistique se distingue par sa richesse et sa diversité.
Anja est diplômée du CFP Arts en section céramique et expose son travail en Suisse comme à l’international.
Tristan est titulaire d’un Bachelor en Arts visuels de la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD), où il poursuit actuellement un Work.Master.
Le duo est représenté par la Metamorphika Gallery à Londres et a présenté son travail dans des lieux prestigieux en Suisse et à l’étranger, notamment à la Gr_und Gallery à Berlin et à la CandySnake Gallery à Milan. Leur pratique a également été mise en lumière lors de l’exposition Spielact au Commun à Genève en mai 2025, ainsi que dans le cadre de l’exposition des Bourses de la Ville de Genève, également au Commun, en septembre 2025.
Ensemble, ils tissent une alliance de matières : la terre, la peau, le métal deviennent un langage commun. Leurs œuvres se répondent dans une quête de sens partagé, où chaque élément, chaque geste, devient une métamorphose. Leurs pratiques fusionnent dans une recherche de poésie brute, une résistance face à l’effritement du monde. Ils façonnent des univers fictifs, des mondes parallèles où des cités dantesques s’érigent vers les cieux au milieu de déserts de cendre, peuplés de créatures qui échappent à la logique. Ces créations sont là pour rêver et déranger, pour réinventer et questionner notre réalité. Chaque œuvre devient une porte ouverte sur un autre monde, un miroir de ce qui pourrait être, un lieu où l’imaginaire se fait chair.

